Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 14:55

L’écrivain américain Jim Harrison revient avec trois courts romans sauvages.

 

Une chronique de Frédérique Bréhaut

 

HARISSON.jpgEntre chien et loup, le vieil écrivain retrouve son mordant avec les  trois histoires des  « Jeux de la nuit »*. Revoici l’inoubliable Chien Brun, personnage familier de l’œuvre de Jim Harrison dont il offre un des doubles possibles. Menteur, buveur, paillard, cœur d’artichaut, on l’avait quitté alors qu’il fuyait le Michigan avec la petite Baie, sa  belle-fille si fragile victime de l’alcoolisme prénatal. Lassé de sa cavale au Canada, Chien Brun rentre clandestinement au pays tel qu’il était parti, sans papier, sans argent, sa libido extravagante en bandoulière.

 

Grand amateur de croupes tentatrices, l’Indien métis aime toujours toutes les femmes, surtout Gretchen, qui hélas pour lui n’aime pas les hommes. Côté loup, Jim Harrison tutoie le fantastique auprès de Samuel, un gamin mordu par un colibri carnivore puis par un  louveteau.

 

Effet secondaire de ces épisodes, Samuel subit des troubles inquiétants les nuits de pleine lune. Les années passant, entre deux crises violentes, Samuel cherche un sens à son existence vagabonde.

 

La rencontre la plus attachante, Jim Harrison l’offre en ouverture de ce recueil avec Sarah, adolescente solitaire du Montana qui partage ses confidences entre sa jument, son chien et Tim, un vieux cow-boy. La mère a claqué la porte un beau jour et le père peu concerné par les principes éducatifs laisse cette jolie fille grandir comme un garçon manqué.

 

C’est d’ailleurs à la façon d’un homme de l’Ouest, qu’elle construit sa vengeance contre une canaille. Tempéraments âpres accordés à une nature rugueuse, solitaires peu impressionnables charmés par la voix de Patsy Cline, marginaux aux vies ébréchées, le panthéon de Jim Harrison laisse toujours une place de choix à  ceux qui  croquent  la vie à belles dents. À ce jeu-là, les femmes ne sont pas les dernières. Enfin, nul mieux que l’auteur des « Légendes d’automne » ne sait dire à quel point les espaces infinis du Montana savent aussi enfermer ceux qui y vivent.

 

* Traduit de l’anglais par Brice Matthieussent

 

« Les Jeux de la nuit », de Jim Harrison, Flammarion, 21 €.

Partager cet article
Repost0

commentaires