Le passé. « Je m’appelle Maria. J’ai vingt-cinq ans. Mon patron s’appelle Jimmy – Jimmy Liu pour être précise. Il est canadien d’origine chinoise. Et il a de l’argent. Beaucoup d’argent (…).
Jimmy Liu est marchand. Marchand d’armes. Je veux dire de vraies armes : armes d’artilleries, obus de mortier, Stinger, mais aussi des M22, des kalachnikovs chinoises. »
Le présent. Aujourd’hui, Maria a 39 ans et « cherche un aspirateur à main » histoire d’effacer les dernières traces du passé et d’aspirer à une vie plus sereine, entourée d’un époux et d’une petite fille, dans une maison paisible et confortable.
Mais – vous l’avez bien compris – difficile de tourner la page. Dans ce milieu de trafiquants d’armes, régi par un terrifiant code de l’honneur, la traque est perpétuelle, impitoyable, barbare.
Féminin et violent
Pendant des années, Eva Maria a parcouru le monde pour rencontrer des chefs de guerre monstrueux, pour livrer des armes dans des régions en guerre. Elle a tout vu, tout affronté. Mais au retour d’une mission, sa mauvaise conscience l’invite à raccrocher et à tirer un trait sur ces dix années de folie.
Eva Maria Staal – c’est du moins le pseudonyme qu’elle s’est choisi pour des raisons de sécurité – nous offre avec « Trafiquante » un polar tranchant, efficace, qui tire son originalité de ses aspects très féminins sans édulcorer en rien la violence de cet univers secret dont elle lève un peu le voile.
L’écriture, tendue, est au service d’une intrigue qui, au-delà du simple bon divertissement, offre une réflexion intéressante sur le manichéisme, sur la frontière parfois floue entre le bien et le mal.
Olivier QUELIER.
« Trafiquante » d’Eva Maria Staal. Editions du Masque, 284 p. 19, 50€.