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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 10:38

optimaEsperluette. J’aime ce mot à la sonorité suave, qui sonne comme une comptine effrontée. J’aime le signe qu’il représente, ce & à la rondeur bonhomme. Les gens pressés l’appellent « et commercial » et on ne le trouve plus guère, il est vrai, que dans de vieillottes raisons sociales…

 

Esperluette… J’ai découvert le mot grâce à un livre. Un « roman par nouvelles » signé Jean-Noël Blanc et publié chez Seghers en 1984, intitulé « Esperluette et compagnie ». J’avoue en avoir oublié le texte, mais j’avais rédigé une chronique pour le journal qui m’employait alors.

 

Je me souviens en revanche que ce bouquin m’avait ouvert les portes du Parquet d’Epinal. J’étais à ce moment-là fait-diversier dans les Vosges, essayant de créer une petite enclave face à une concurrence qui ne lésinait pas sur les moyens, fussent-ils douteux et peu ragoûtants, pour asseoir son hégémonie.

 

Mais le procureur, qui m’accordait parfois quelques minutes de conversation, était homme de lettres. Et croyait me piéger en me demandant le nom du sigle qu’il dessinait sur un coin d’agenda. J’avais lu Blanc peu avant, lui parlait du livre. Quelques mois après, mon concurrent s’habituait au coup de fil d’engueulade de son rédacteur en chef qui, après examen matinal du journal, lui faisait lecture de quelque ratage…

 

Pirouette

 

Esperluette, donc. Ou esperluète ? Dans son « Dictionnaire des règles typographiques », Louis Guéry adopte la deuxième orthographe, mais les dictionnaires usuels semblent lui préférer la première.

 

En tout cas, la lecture du bouquin de Guéry m’a appris l’origine du mot, qui tient de la pirouette langagière. Je vous en livre un extrait.

 

Comme souvent, l’explication ne fait pas l’unanimité. Peu importe, celle-ci me plaît et j’en reste à la comptine. & était considéré autrefois comme la vingt-septième lettre de l’alphabet, appelée « ète ». « En apprenant l’alphabet (en chantant) aux petits enfants de l’école élémentaire, explique Louis Guéry, on ajoutait une rime amusante… ix, i grec, zed, ète, perluète. Cela se serait transformé en esperluète ».

 

Alain Rey, dans son « Dictionnaire historique de la langue française » lui confère une origine plus sobre, née du croisement des termes latins « perna » (jambe) et « sphaerula » (boule, sphère).

 

Soit. Mais j’aime bien quand la langue prend la poudre d’escamperluette…


Olivier Quelier.

 

Bibliographie

 

Jean-Noël Blanc, « Esperluette et compagnie », Seghers, 1984.

Louis Guéry, « Dictionnaire des règles typographies », Victoires éditions, 2010.

Sous la direction d’Alain Rey, « Le Robert – Dictionnaire historique de la langue française ».

 

(Illustration : optima, by Hermann Zapf)

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