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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 11:49

Avec "L'Origine de la violence", Fabrice Humbert a signé un très grand roman. L'auteur sera présent à la foire du livre de Brive ce week-end des 6, 7 et 8 novembre. L'occasion d'aller le rencontrer. Et si ce n'est pas possible, voici la chronique que j'ai consacrée à son livre (publiée initialement dans Le Magazine des livres).

 

 

« Vingt-six ans. Il était né, il avait grandi, il avait été un vaurien aimé, il avait aimé une femme et puis il avait été pris. Comme un rat. C’était cela sa vie. La vie de David Wagner ».

La vie de David Wagner s’est terminée sur la colline de l’Ettersberg, une agréable forêt… un lieu parmi les plus sinistres du monde, qui dissimulait le camp de concentration de Buchenwald. 53 000 êtres morts… Et parmi eux, cet homme. David Wagner. Une ressemblance frappante avec le père du narrateur, un jeune prof d’histoire qui découvre la photo par hasard, lors d’un voyage scolaire, au musée de Buchenwald. Mais comment serait-ce possible ? Lui est un Fabre : « Nous faisons partie d’une sorte d’élite de bon niveau, riche et assez influente (…). Nous les Fabre appartenons à notre famille. Notre passé nous accroche ».

Mais cette photo-là accroche plus que tout le jeune prof. Hanté, depuis bien avant cette visite, hanté depuis sa plus tendre enfance – tendre ?- par la peur et la cruauté. « J’ai vécu dans ces ténèbres. La peur m’avait saisi pour toujours, pour toujours j’allais me défendre (…) avec une violence d’animal affolé. La violence de ceux qui portent le sceau de la peur ».

Le narrateur ouvre l’enquête, se plonge dans l’histoire de ce plausible grand-père. De cette victime. De sa survie au camp. De sa mort. Mais pas que… Pas que ça, non, ce serait trop simple. Pour nous. Pour l’auteur. Ce serait insulter le talent de Fabrice Humbert, dont « L’origine de la violence» est le troisième roman.

Et quel roman ! N’était le sérieux du propos, on oserait ici de ces quelques affublements adulés des encarts publicitaires : abyssal, phénoménal, d’une puissance vertigineuse et d’un souffle violent. Et tout serait mérité : ce livre explose le cadre  du romanesque, il évoque Littell et Mendelsohn, ou personne peut-être et c’est tout aussi bien.

Mais les mots ici pèsent lourd, et Humbert ne donne pas dans le roman familial. Il le dit : « Les coupables m’intéressent autant que les victimes ». Et il creuse, Humbert, et il gratte. Son roman rebondit entre la figure du grand-père et l’autofiction de cet auteur gentil comme pas deux, mais dont la seule vérité reste « le murmure enfantin de la violence ». Incapable de se contrôler parfois, incapable d’écrire, de décrire autre chose que la brutalité…

Humbert, dans une deuxième partie, raconte le livre, ces questions qui le taraudent, ces pourquoi qui le tenaillent. Sa vie en Allemagne avec Sophie, ce malaise né de l’histoire familiale, « plaque tellurique de la violence ».

Le narrateur croit avoir tout découvert. Présomptueuse jeunesse.  Lui écrit ; d’autres, avant, ont agi. En bien ou en mal. Par bassesse, par jalousie. Crimes et châtiments. Peut-être qu’au lieu d’écrire, il devrait parcourir l’Europe et répéter cette histoire « sans intérêt et fascinante ». Juste universelle. « Le délire d’un fou, raconté par un idiot ? »

 

L’Origine de la violence, de Fabrice Humbert, éditions du Passage, 317 p., 18€.

 

Le site des éditions du Passage est ici.


Le site de Fabrice Humbert est .

 

D'autres auteurs des éditions du Passage seront présents à Brive : Gilda Piersanti (Vengeances romaines") et Antoine Laurain ("Carrefour des Nostalgies").

Fabrice Humbert sera par ailleurs présent pour une rencontre, ce dimanche 8 novembre, à partir de 17h30, au Mémorial de la Shoah, Paris 4e, (en compagnie de Yannick Haenel et Bruno Tessarech).

 

 

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