Une chronique d'Olivier Quelier
Je ne me l’explique pas vraiment. Je suis même, parfois, à deux doigts de m’en inquiéter. Mais le fait est : j’apprécie les romans d’Annie Lemoine. Aucune honte à cela, quitte à assumer la part de féminité qu’on porte en soi. Les livres sont brefs, légers, alertes et souriants. Pas plus mal écrits que d’autres –pas mieux non plus– une fois intégrée cette syntaxe particulière qui fait la part maigre aux virgules, plaçant toute proposition au même niveau de neutralité…
Pas grave, les lectrices et lecteurs sont à chaque nouvel ouvrage en terrain connu : Annie Lemoine ne parle que d’amour. Mais elle en parle bien. Avec justesse, précision. Avec le sens des nuances dans le sentiment, dans l’émotion, dans le doute.
Oui, elle ne parle que de ça. « Je crois qu'il n'y a que l'amour qui m'intéresse dans la vie finalement... Aimer. Qui aime-t-on ? Pour quelle raison ? Comment aime-t-on ? C'est fascinant ces choix qui souvent n'en sont pas, explique-t-elle dans un texte en forme d’auto-interview. Dans ce livre, il y a aussi l'amour des enfants... Un autre amour essentiel. Cela a posé un problème à Claire de divorcer avec deux jeunes enfants, je crois que beaucoup de femmes s'y reconnaîtront. »
L’histoire reste simple. Un pitch de trois lignes que l’auteur présente ainsi : « Une femme, autour de la quarantaine, fragilisée par un récent divorce, s'évade le temps d'un week-end au bord de la mer. Là, elle va vivre ce que j'appelle un événement tsunami. La main qui va se tendre vers elle à la fin de l'histoire sera celle de son ex-mari... »
Une simple histoire d’amour. Mais jamais répétée de livre en livre. Dans « Amusez-vous », une trame de polar se tisse autour de la disparition de Claire. Sans oublier une audace nouvelle, la nostalgie… et cette fascination pour les hôtels, qu’un mince album photos (prises à l’iPhone) présente en fin d’ouvrage.
« Amusez-vous » d’Annie Lemoine. Editions Flammarion. 160p. 17€.
(article paru précédemment dans Le Magazine des livres)
