La rétrospective Kiss the past Hello de Larry Clark retrace cinquante années de travail centré sur le thème de l'adolescence. L'artiste y révèle une obsession personnelle qu'il a su dépasser. A découvrir au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris jusqu'au 2 janvier 2011.
Par Chloé Goudenhooft
Le travail de Larry Clark, axé sur les adolescents, résulte d'une quête personnelle. "Il n'a été pubère que très tard", explique une conférencière du musée. "Il n'a pas l'impression d'avoir eu d'adolescence. Du coup, toutes ses recherches ont consisté à retrouver cette expérience qu'il n'a pas connue".
Les premiers clichés de l'exposition datent de cette période "sans adolescence". L'artiste a été initié entre 12 et 15 ans par sa mère, Frances Clark. Les photos très conventionnelles qu'elle prenait, avec lumière artificielle et mise en scène, représentaient une Amérique parfaite. Cette initiation, le jeune Américain originaire de l'Oklahoma, la transgresse et la dépasse à l'âge de 20 ans. Finis les artifices. Trois séries de clichés pris en 1963, 1968 et 1971 révèlent ses amis dans leur vie quotidienne. Ces jeunes de la ville de Tulsa jouent avec des armes, s'ennuient, se droguent.
Obsession personnelle
Quelques années plus tard, Larry Clark s'aventure dans la vie sexuelle des adolescents. La série Teenage Lust de 1983 nous plonge dans l'intimité de jeunes prostitués de la 42e rue de New York. Novateur, Larry Clark l'a été en montrant la réalité de cette jeunesse de façon brute, à la manière du photographe Eugène Smith, dont il admire le travail. Il expose des jeunes gens en plein jeux sexuels, sans aucune pudeur.
La démarche de l'artiste évolue dans les années 1990. Il photographie alors en studio des adolescents qu'il paie. Il travaille en série, et expose tous les clichés sans choix préalable, comme pour rendre compte de l'ampleur de son obsession personnelle. Sa recherche prend ensuite une veine plus autobiographique avec l'œuvre punkPicasso qui réunit photographies couleurs et collages.
Dans les années 2000, Larry Clark abandonne démultiplication des clichés et compositions hétéroclites pour se concentrer sur un seul et unique adolescent, Jonathan Velasquez. Il explore alors l'image de ce skateur et rocker latino-américain, de ses 14 à ses 21 ans. Pas de drogue, quelques images de sexe mais non provocantes. Un visage enfantin, un duvet brun sur les lèvres, mais un corps qui développe progressivement sa virilité. A travers cet ado normal en pleine métamorphose physique, Larry Clark a, peut-être, trouvé ce qu'il cherchait.
Jusqu’au 2 janvier 2011 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Exposition interdite aux moins de 18 ans.
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris 11 avenue du Président Wilson 75116 Paris.
Tél : 01 53 67 40 00
Crédits photos :
Courtesy of the artist : Luhrig Augustine, New York and Simon Lee Gallery, London.
De haut en bas : Jonathan Velasquez, 2004 ; Untitled, 1979 ; Billy Man, 1963.
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Texte réalisé dans le cadre d’un travail en école de journalisme / IPJ