La coquille, en typographie, est une erreur due à l'ajout ou à l'omission d'une lettre, ou à l'interversion de lettres, à l'intérieur d'un mot. L'usage généralisé des claviers permet, en simplifiant, de l'assimiler à une faute de frappe.
Hantise - mais aussi raison d'être - des correcteurs, réviseurs et secrétaires de rédaction, la coquille méritait bien qu'on lui consacrât une ode.
Grâce aux correcteurs du Monde (via les excellents blog "Langue sauce piquante" et compte Twitter @LeMonde_correct, j'ai découvert cette merveille dont voici le texte et l'interprétation.
Selon eux, cette ode (orthographe d'époque), qu'on dit d'un auteur anonyme, pourrait être de la main de Flavien Mouillan, correcteur et auteur du "Correcteur typographe", paru en 1899 à Paris.
Je vais chanter tous tes hauts faits,
Je veux dire tous tes forfaits,
Toi qu'à bon droit je qualifie
Fléau de la typographie.
S'agit-il d'un homme de bien
Tu m'en fais un homme de rien ;
Fait-il quelque action insigne
Ta malice la rend indigne
Et, par toi, sa capacité
Se transforme en rapacité.
Que sur un vaisseau quelque prince
Visite nos ports en province
D'un brave et fameux amiral
Tu fais un fameux animal,
Et son émotion visible
Devient émotion risible ;
Un savant maître fait des cours
Tu lui fais opérer des tours ;
Il parle du divin Homère
Ô sacrilège ! on lit Commère ;
L'amphithéâtre et ses gradins
Ne sont plus que d'affreux gredins.
Le professeur cite Hérodote
Tu dis : le professeur radote ;
Puis, s'il fallait s'évanouir,
Tu le ferais s'épanouir.
Léonidas aux Thermopyles
Montre-t-il un beau dévoûment
Horreur ! voilà que tu jubiles
En lui donnant le dévoiement.